Etre Gaucha en Terre de Feu Chilienne
Janvier 2017 - 4 mois
L'expérience qui a changé ma vie...
Comment une offre d'emploi d'1 mois lancée par un gaucho lors d'une rando sur une plage de l'Isla Grande de Chiloe (Chili) en décembre 2015 s'est transformée en expérience de vie.
J'ai répondu oui à cette opportunité qui paraissait aussi incroyable que folle, déraisonnable, impossible : débourrer des chevaux sauvages en Terre de Feu.
La Terre de Feu c'est l'extrême sud de l'Amérique du Sud, plus au Sud c'est l'antarctique, le cap Horn...
Côté Argentin il y a quelques routes et villes, côté Chilien, il y a des sentiers, des "huellas", des chalets isolés "puestos" abritant des bergers à cheval "ovejeros", et surtout des milliers de chevaux et de brebis. Il y a surtout un vent à rendre fou, un vent qui fait pousser les arbres penchés.
Je suis donc partie pour 1 mois de congés, moi la salariée de bureau éternellement perdue dans mes rêves de voyages, passant de la joie de partir en vacances à la dépression du retour en ville. Une fois en immersion dans cette vie sans électricité, sans horaires, sans dates, avec comme seule contrainte, celle de la survie dans cette contrée du bout du monde, je n'ai pas pu revenir. Pas comme ça, pas si vite, et surtout pas revenir à l"anormal" comme on dit post covid...
Alors la 4G captée occasionnellement a transmis un mail de démission et je suis restée pour aller au bout de mon voyage personnel.
J'ai appris ici ce qu'était un cheval sauvage, celui qui ne connait que la fuite pour sa survie, celui qui ne se laissera pas attraper au lasso comme ça, la jument qui guidera son troupeau sans faillir et ne se laissera pas impressionner par notre "équitation".
On est tout petit ici, la mort est présente, on tue un mouton pour manger, un poulain peut mourir en 1 nuit tué par l'étalon, le cheval fragile ne passera pas l'hiver. Ca nous rappelle la vraie nature, celle qui est dure, celle de la sélection naturelle, qui forge ces chevaux féraux et leurs cavaliers depuis quelques siècles.
Photos Laura Failly NON LIBRES DE DROITS